“Founder Mode”. Ces deux mots signés Paul Graham, le cofondateur du célèbre accélérateur américain Y Combinator, ont provoqué un buzz intense au sein de la Silicon Valley ces derniers jours. Sur fond d'opposition entre méthodes de gestion de fondateurs "à la Steve Jobs" et de "managers professionnels". Explications.

⏳ 9 min de lecture en mode 🍿


Ce que tu vas apprendre dans cet article :

- Le "Founder Mode", c'est quoi ?

- Pourquoi le “Founder Mode” fait-il autant réagir ?

- Le point de vue de Marty Cagan, ou comment développer ce "Founder Mode" pour des personnes non fondatrices


“Le “Founder mode” est le dernier buzzword de la Silicon Valley pour dire aux patrons toxiques qu’ils sont géniaux.” La journaliste de CNN, Allison Morrow, n’y va pas avec le dos de la cuillère pour décrire la grande tendance du moment du côté de la Tech américaine.

Comme elle, de nombreux commentateurs et influenceurs ont pris la plume (ou leur micro SHURE de podcasteur) pour vanter ou railler le concept. Rappelons déjà les faits.

Le “Founder mode”, c’est quoi ?

L’expression vient de Paul Graham, l’entrepreneur américain à l’origine du célèbre Y Combinator (YC), par lequel sont passées des boîtes comme Dropbox, Stripe, Reddit ou Airbnb (et, plus proche de nous, Algolia, Café, Crew, Mojo ou Photoroom). 

Dans sa dernière publication, intitulée simplement Founder Mode, il raconte l’intervention récente de Brian Chesky, cofondateur de la plateforme de réservation de logements, lors d’un événement organisé par l’accélérateur de startups.

Son constat ? Au cours de la croissance d'Airbnb, de nombreuses personnes lui ont conseillé, pour développer sa boîte, “d’embaucher des personnes de qualité et de leur laisser de l’espace pour qu’elles puissent faire leur travail”. Sagesse conventionnelle. Résultat : “un désastre”... L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Bureaucratie. Si ce discours n’a pas été diffusé publiquement, on peut toutefois imaginer les mots employés par Brian Chesky en réécoutant son podcast chez Lenny Rachitsky, en novembre dernier. Morceaux choisis :

“À partir d’un moment, tout devenait de plus en plus lent. On faisait un nombre incalculable d’AB Tests. Quand j’ouvrais l’app, j’avais l’impression qu’elle n’avait pas évolué depuis 4 ans. Alors que les coûts augmentaient et qu’on embauchait de plus en plus de monde. Il y avait plus de politique, plus de bureaucratie. On faisait des réunions à propos de réunions à propos de réunions.”

Puis le déclic : “J’ai rencontré 2 personnes, des anciens de chez Apple, qui m’ont décrit la façon totalement différente dont leur entreprise fonctionnait, à l’époque de Steve Jobs, de 1988 à 2011. Je me suis dit que j’allais gérer mon entreprise de cette façon, en m’impliquant plus dans les détails”. Ce qu’a confirmé le principal intéressé par la suite.

Les managers ne sont pas les fondateurs. Un discours qui a visiblement résonné avec le vécu de beaucoup d’autres entrepreneurs dans l’auditoire. D’où l’incompréhension de Paul Graham : pourquoi tant de gens préconisent aux fondateurs ce qu’il ne faut pas faire ?

Sa réponse : “En fait, ce qu’on leur disait, c’était comment gérer une entreprise que l’on n’avait pas fondée. Autrement dit, comment gérer une entreprise si l’on n’est qu’un manager professionnel”. Un mode opératoire tellement moins efficace selon lui.

Founder mode vs Manager mode. D’où la sentence : il y a deux façons de diriger une entreprise, en mode fondateur ou en mode manager. Jusqu’à présent, poursuit Graham, la majorité pensaient qu’il fallait passer en mode manager dès qu’on voulait scaler sa startup. 

D’autant qu’il n’existe aucun livre ou cours sur le "Founder mode". Sauf que visiblement, à en croire le désarroi des fondateurs, il existe bien une alternative.

Un autre mode est possible

Graham commence alors son réquisitoire contre le Manager mode. C’est-à-dire le fait pour le ou la dirigeant·e de donner la direction globale à ses managé·es, qui doivent ensuite trouver la solution pour y arriver. “Mais il ne faut surtout pas se mêler des détails de leur travail, cela serait du micromanagement, ce qui est mal”, ironise-t-il.

Selon lui, le Manager Mode est une idée réjouissante en théorie. Mais, en pratique, cela se traduit souvent par l’embauche de “professional fakers (que l’on pourrait traduire par “champion de l'esbroufe”) qui vont mener l’entreprise à sa perte”. 

Attendez la suite.

“Les investisseurs qui n’ont pas été fondateurs eux-mêmes ne savent pas comment les fondateurs doivent gérer leur entreprise et les exec’ - en tant que groupe - font partie des menteurs les plus habiles du monde (en excellant dans le managing-up).” 

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